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Libération

L'implosion prévisible d'un pays à la dérive. Surendetté, le Congo a cessé d'exister en dehors de la présidence corrompue.

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publié le 9 juin 1997 à 3h58

Trois semaines après la chute de Kinshasa, Brazzaville s'embrase.

Pour les tenants de la «théorie des dominos», qui voient désormais les pays d'Afrique francophone «tomber» un à un, le rapprochement entre ces deux événements est aussi évident que le face-à-face des deux capitales de part et d'autre du grand fleuve. Mais, s'il est vrai que des réfugiés hutus du Rwanda, des dignitaires de l'ancien régime Mobutu et des armes d'une soldatesque impayée, qui a préféré vendre ses fusils plutôt que de s'en servir, ont traversé en masse le fleuve Congo, ce ne sont pas les flammèches d'en face qui ont mis le feu à Brazzaville. Actuellement, la suite de la grande bataille d'Afrique centrale se joue dans le nord-est de l'Angola, où le gouvernement de Luanda cherche à en finir, une fois pour toutes, avec l'opposition armée de l'Unita (Union pour l'indépendance totale de l'Angola), le mouvement de Jonas Savimbi. Après, peut-être, viendra le tour du Congo" Conscience nationale atomisée. En attendant, force est de constater que, depuis l'alternance démocratique d'août 1992, qui a amené au pouvoir Pascal Lissouba au détriment du général Denis Sassou N'Guesso, maître marxisant du pays depuis 1979, le Congo a implosé. La conscience nationale s'est atomisée, en régions, tribus et fratries. Surendetté, l'Etat le plus bureaucratique du monde ­ avec 80 000 fonctionnaires pour 2,5 millions d'habitants ­ a de facto cessé d'exister en dehors de la présidence, périmètre de toutes les turpitudes. Démocr