C'était 1968. Elmer «Geronimo» Pratt avait 22 ans. Engagé
volontaire, il revenait du Viêt-nam, couvert de médailles. Jeune étudiant à l'université de Californie, il avait rejoint le Parti d'autodéfense des panthères noires, l'organisation créée deux ans plus tôt par Bobby Seale et Huey Newton, deux étudiants de Oakland: en quelques années, ils compteront plus de 5 000 membres et une cinquantaine de cellules à travers le pays.
Quelques mois à peine se sont écoulés entre l'engagement de Geronimo Pratt au sein de l'organisation et son arrestation pour le meurtre de Caroline Olsen, à Santa Monica. Mais aucun de ses camarades ne témoigna pour le défendre à son procès. Aujourd'hui, les anciens Black Panthers mettent ce silence sous le coup des manipulations du FBI, en guerre contre leur mouvement, et qui ont abouti à la mort d'une trentaine de militants à la fin des années 60. Cette «guerre», les Black Panthers étaient, en fait, en train de la perdre. En 1974, le parti sera finalement déserté par la majorité de ses membres dont le nombre s'était réduit à quelques dizaines. Après une longue dérive, Huey Newton est mort en 1989 à Oakland, tué, semble-t-il, après une bagarre avec un dealer pour une dose de cocaïne. Mais, d'après Bobby Seale, la majorité des 5 000 anciens membres de l'organisation sont rentrés dans le rang. «Nous avons vieilli. Nous avons des familles et, s'il existe entre nous un réseau actif, notre but est d'oeuvrer pour une société plus humaine», explique-t-il. Selon