Istanbul, de notre correspondant
Les plus pessimistes ont commencé à faire des provisions par précaution en cas de coup d'Etat militaire. «Il faut acheter des nouilles au bureau, car il y aura au moins deux jours de couvre-feu et nous devons renforcer les gardes de nuit», confiait un journaliste, témoin déjà des trois précédentes interventions de l'armée sur la scène politique (27 mai 1960, 12 mars 1971 et enfin 12 septembre 1980). «Désormais, c'est une course contre la montre. Il ne s'agit plus de semaines ou de mois. Si le gouvernement de Necmettin Erbakan ne démissionne pas dans les jours à venir, l'armée interviendra d'une façon ou d'une autre», affirmait mercredi soir le professeur Mahir Kaynak, ex-dirigeant des services de renseignements turcs, invité sur une chaîne de télévision islamiste. Consciente qu'un putsch ferait très mauvais effet en Occident, l'armée a privilégié jusqu'ici la voie démocratique, se contentant de faire monter progressivement la pression sur le gouvernement et espérant que l'opposition le ferait tomber au Parlement. Mais cela n'a pas encore été possible, pour une large part en raison des divisions et des querelles de personnes entre les leaders des différents partis laïcs. Les optimistes soulignent néanmoins que les menaces répétées des militaires sur un éventuel quatrième coup d'Etat ont déjà en grande partie atteint leur objectif. La coalition au pouvoir du Premier ministre islamiste du Refah (Parti de la prospérité, 21% des voix lors des éle