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Libération

Le président congolais aux abois. Pascal Lissouba demande un soutien logistique de la France.

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publié le 17 juin 1997 à 5h13

Brazzaville envoyé spécial

Lorsque le véhicule du commandant Jaraud s'approche pour la troisième fois du barrage des «Zoulous», les partisans du président Lissouba trouvent cette insistance suspecte. «Foutez le camp!, s'écrie l'un d'eux. S'il y a des morts ici, c'est à cause de la France. Vous vous moquez de notre Président.» Avec calme, le commandant français explique à nouveau qu'il cherche à évacuer un Tchadien, correspondant d'une radio française et barricadé depuis dix jours dans sa maison après avoir échappé de justesse à une tentative d'exécution. Quelques militaires et beaucoup de civils entourent la jeep, refusent de lever la barrière gardée, symboliquement, par une statue en bois habillée et coiffée d'une perruque blonde.

«Il est fou, il faut le passer par les armes.» Ils l'ont trouvé, Daniel Nadjitan Ndôh, claquemuré chez lui à peine cent mètres plus loin. Amené au barrage, ils l'interrogent. Ils ne le rendent toujours pas au commandant. «Il n'est pas blanc», fait remarquer l'un des miliciens. Des Blancs, il n'y en a plus ici depuis une semaine. Les portails des villas sont grands ouverts, les fenêtres brisées, des biens éparpillés dans les jardins. Il faut que le «Comair», le chef de l'unité tenant les abords de l'aéroport, vienne donner l'ordre pour que le Tchadien soit remis aux Français. Un ultime barrage à passer, un berceau bleu ciel mis en travers du chemin, et l'un des derniers civils «bloqués» peut quitter Brazzaville.

Orgues de Staline. Présidence de la Ré