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Libération

Le Refah ne désarme pasLes pressions de l'armée ont ressoudé le parti islamiste.

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publié le 19 juin 1997 à 5h06

Istanbul de notre correspondant

«Au départ, on n'avait pas très bien compris pourquoi les militaires voulaient du mal à notre parti. Nous sommes, Dieu merci, musulmans mais aussi patriotes. Et nous avons gagné les élections, pourquoi alors tant de pressions? Les généraux représentent la volonté des grands holdings, de ceux qui commencent à perdre avec l'arrivée au pouvoir du Refah, pas celle du peuple. Le peuple est avec nous"», assure Hüseyin Kaya, originaire d'Erzurum (Est), habitant un bidonville du côté de Umraniye, banlieue populaire de la rive asiatique d'Istanbul et fief islamiste.

Tradition et islam. A côté de la mosquée, après la prière, les fidèles se réunissent dans le petit café pour discuter. Les paysans turcs d'Anatolie centrale et les kurdes de l'est peuplant le quartier avaient massivement voté lors des dernières législatives, le 24 décembre 1995, pour ce parti qui promettait «un ordre juste» fondé sur la tradition et l'islam. Quelques-uns votaient déjà islamistes dans leurs villages. Pour la majorité, c'était la première fois. «Leurs militants avaient très bien travaillé en faisant du porte-à-porte. Ils nous avaient promis beaucoup de choses, par exemple ils avaient dit qu'il y aurait une rue en asphalte ici même. Voyez, ce n'est toujours pas fait"», remarque Çoskun Atay, chauffeur de taxi. «Je ne voterai plus pour le Refah», ajoute-t-il. Et le débat est ouvert: «Qu'est-ce que tu vas faire alors? Tu vas voter pour les militaires?» «Non, je ne suis pas d'accor