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Libération
Analyse

La deuxième fin du pré carré francophone. Paris n'a plus la force de soutenir ses ex-colonies, qui s'embrasent les unes après les autres.

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publié le 23 juin 1997 à 4h56

Brazzaville envoyé spécial

Une à une, les capitales d'Afrique francophone s'embrasent: hier Kinshasa, aujourd'hui Brazzaville et Bangui, demain peut-être Yaoundé, Libreville et, sans doute bien avant, Conakry. La liste n'est pas exhaustive. A moins d'y voir la main des Américains, il reste à expliquer ce qui met le feu au «pré carré». La misère et le déficit de démocratie? Ce n'est jamais faux, puisque mieux vaut être un démocrate opulent qu'un pauvre gueux. Mais ce truisme commence à être usé. Si la pauvreté, seule, poussait à la révolte, au putsch et aux pillages, les pays du Sahel, autrement plus démunis, auraient été les premiers à tomber comme les pièces d'un jeu de dominos. Quant à la démocratie, nulle part ailleurs en Afrique francophone les élections n'ont été aussi équitables qu'à Brazzaville et à Bangui. A la différence de beaucoup de leurs pairs, les présidents Pascal Lissouba et Ange-Félix Patassé ont été «démocratiquement élus». Ce qui rend la lecture des événements plus complexe, ou moins caricaturale, que dans l'ancien Zaïre du maréchal Mobutu" Spectacle désolant. Si l'Afrique francophone n'a pas le monopole des tribulations violentes ­ loin s'en faut ­, le spectacle des demi-soldes pétaradant dans les rues, des pillards en uniforme saccageant les magasins et les maisons jusqu'au dernier clou, ainsi que des présidents et ex-présidents donnant de l'artillerie lourde sur leur propre capitale, est particulièrement désolant. Pourquoi? Parce que, vu de Paris, il es