Brazzaville, envoyé spécial.
Dans la symphonie de la destruction, on apprend à distinguer le staccato des tirs en rafales, l'adagio des mortiers, le crescendo sifflant des orgues de Staline, la basse continue des coups de canon. Hier, après deux jours d'accalmie qui avaient fait croire à un cessez-le-feu malgré de nombreuses violations, la trêve à Brazzaville a volé en éclats. Dès 9 heures du matin, les «Cobras» de l'ex-président Denis Sassou N'Guesso ont ouvert le feu sur la ville. Leur cible: le Parlement où devaient se réunir 125 députés et 60 sénateurs pour permettre au Conseil constitutionnel de prêter serment. Formé en toute hâte à la fin d'un quinquennat ayant fait litière de son existence, le Conseil est habilité à proroger de quatre-vingt-dix jours le mandat présidentiel. Celui-ci expirant le 31 août, sans possibilité d'organiser auparavant une élection, le chef de l'Etat, Pascal Lissouba, a relu la Constitution. Mais son prédécesseur a remplacé par un duel d'artillerie le débat sur les institutions.
Alliance hétéroclite. Solidement installé dans la moitié nord de la capitale, le général Sassou N'Guesso, président de 1979 jusqu'à sa défaite électorale en 1992, réclame une «transition». Soucieux de ne pas apparaître comme un dictateur revenant par la force des armes, il ne tient pas à prendre le pouvoir en donnant l'assaut à la présidence. En revanche, il exige le départ de Pascal Lissouba, au plus tard le 31 août, et la mise en place d'un «gouvernement intérimaire»,