Shenzhen (Chine du Sud) envoyée spéciale
La nuit tombe sur Huangbeiling, l'une des banlieues chic de Shenzhen, la ville nouvelle de Chine du Sud, qui jouxte Hong-kong. A moins de cent mètres sur la droite, une douzaine d'uniformes verts filtrent les passages à l'entrée d'une rue marchande. Dans le tournant, juste après cette sorte de péage, c'est déjà la frontière. Une fille élancée, en minirobe noire et chemise de dentelle, longs cheveux lisses, finement maquillée, sort d'un salon de coiffure. Elle traverse une résidence d'immeubles fraîchement repeints et fleuris, entre dans une grande surface climatisée. Essentiellement des produits importés. «Ce sont les articles les plus recherchés par nos clientes, vous savez, les concubines"», explique le directeur du magasin avec un clin d'oeil.
Eldorado. Rien, a priori, ne distingue Huangbeiling d'un autre arrondissement de Shenzhen. La ville «aux avantages économiques spéciaux» a germé depuis une quinzaine d'années à la frontière de la province chinoise du Guangdong et de Hong-kong, attirant plus de trois millions d'habitants de tout le pays. Pourtant, le nom de Huangbeiling résonne comme autant de promesses aux oreilles de toute une génération de Chinoises. Une sorte d'Eldorado à l'arrière-goût amer, pour ces demoiselles et leurs protecteurs venus de l'autre côté de la frontière. Une grande partie des jeunes femmes sont concubines, ou épouses d'un homme déjà marié à Hong-kong. D'autres villages de la région, proches de la ligne de