Le responsable de la police judiciaire gravit lentement les marches du restaurant. Macao somnole, apparemment paisible en cette journée de juin. Un instant d'hésitation. L'homme n'aime ni les portes ouvertes dans le dos ni les fenêtres. Il se cale finalement dans un coin de la salle lambrissée et s'excuse: «Ce n'est pas que je me sente menacé, mais ces temps-ci à Macao, lorsqu'on travaille dans la police, mieux vaut être prudent"»
A Macao, on parle désormais de la «petite guerre». Depuis l'automne, les règlements de comptes se sont multipliés entre les Triades, la mafia chinoise, et la police portugaise, dans ce petit territoire de 450 000 habitants, administré depuis plus de quatre siècles par le Portugal et qui sera rétrocédé à la Chine fin 1999. Deux triades se partageaient traditionnellement le territoire: 14K (la plus importante, avec des dizaines de milliers de membres) et Soi-Fong (plus spécifique à Macao). Avec la rétrocession de Hong-kong, les branches des Triades installées dans la colonie britannique, qui jugent prudent de «délocaliser» leurs activités, viennent compliquer le tableau.
Tout a commencé en novembre, lorsqu'un attentat en pleine rue a gravement atteint le chef adjoint de la brigade de surveillance des jeux, le lieutenant-colonel Manuel Apolinario. C'était la première fois que les Triades s'attaquaient à une personnalité portugaise. Depuis, les incidents se sont multipliés. Début mai, le numéro 2 de 14K aurait été tué. Au total, estime la police, la peti