Quand, début janvier, et, déjà, dans le contexte d'une intervention
musclée de l'armée française à Bangui, Lionel Jospin a dénoncé une «politique qui conjugue ingérence et impuissance», c'est pour la première fois dans l'histoire de la Ve République que le consensus de la «France unie» en Afrique a été rompu, qu'un chef d'opposition a fait son métier et mis fin, en pleine crise sur le continent, à trente-cinq ans d'unanimisme néocolonial. Six mois plus tard, devenu chef du gouvernement, le Premier ministre Jospin applique-t-il le programme du «camarade Lionel»? Pris dans la tourmente africaine dès sa constitution, le gouvernement socialiste affirme garder le cap mais se voit contraint de faire du cabotage au plus près du continent. Hier, devant la commission des affaires étrangères du Sénat, le chef de la diplomatie, Hubert Védrine, a cependant réitéré la volonté de «repenser d'une façon ouverte, tournée vers l'avenir et les nouvelles élites» les relations entre la France et l'Afrique. Le ministre a soutenu «qu'il ne s'agirait en aucun cas d'une politique d'abandon de l'Afrique, mais d'une redéfinition d'ensemble de nos actions politiques, diplomatiques et militaires sur ce continent» englobant, aussi, «les pays d'Afrique anglophone».
Pendant la campagne électorale, devant des étudiants à Créteil, le candidat Jospin avait annoncé qu'il allait supprimer la «Coop», le ministère de l'Afrique. Or, le Premier ministre a nommé secrétaire d'Etat à la Coopération un rocardien sans gra