Pékin, de notre correspondante.
Un ballet de diplomatie souterraine est en cours dans la capitale chinoise autour de la question du Cambodge. Le roi Norodom Sihanouk, qui réside à Pékin, où il poursuit un traitement contre le cancer, a accepté de sortir du silence qu'il conservait depuis le réveil de la crise cambodgienne, fin juin, et de recevoir des émissaires étrangers. Les Français ont été les premiers. Claude Martin, inspirateur des accords de Paris sur le Cambodge, maintenant secrétaire général adjoint du ministère des Affaires étrangères, et l'ambassadeur de France en Chine, Pierre Morel, se sont entretenus hier pendant plus de trois heures avec le souverain. D'ici à la fin de la semaine, Norodom Sihanouk recevra les envoyés spéciaux du Japon, de l'Asean (Association des nations d'Asie du Sud-Est) et des Etats-Unis. De leur côté, les autorités chinoises multiplient les contacts avec les pays voisins du Cambodge. L'idée générale semble aujourd'hui d'inciter le roi à retourner au Cambodge, où il reste la pièce maîtresse de l'équilibre institutionnel et sans doute le seul encore capable de dialoguer avec les différents partis. Mais Sihanouk reste très prudent. Son retour rapide créditerait la prise de pouvoir par Hun Sen, voilà dix jours, et l'exclusion de l'autre co-Premier ministre, le prince Ranariddh (fils du roi), actuellement en France.
Sihanouk s'est refusé pour l'instant à qualifier ces événements de coup d'Etat. Les nations étrangères réagissent en ordre dispersé.