Le Nord et l'Ouest du Rwanda sont en état de guerre civile larvée,
affirme Joseph Matata, ancien militant des droits de l'homme au Rwanda, réfugié en Belgique en mai 1995 pour raisons de sécurité. Sous couvert de lutter contre la rébellion hutue, «l'armée organise l'insécurité pour justifier la répression contre les Hutus», dénonce le coordonnateur du Centre de lutte contre l'impunité et l'injustice au Rwanda. Parmi de nombreux témoignages, le Centre affirme ainsi qu'un millier de civils auraient été tués les 9, 10 et 11 mai par l'Armée patriotique rwandaise (APR) dans la commune de Nkuli en préfecture de Ruhengeri (Nord-ouest).
«Au début, les gens se défendaient à mains nues, dit Joseph Matata. Puis ils ont pris des armes à des militaires égarés dans la forêt et se sont réfugiés dans les collines. Il faut expliquer ce qui se passe aujourd'hui. La majorité de ceux qui sont dans les collines ne sont pas des infiltrés du Zaïre. Ce sont des paysans forcés de fuir et de se défendre. C'est une population qui se suicide, en quelque sorte.»
Un rapport de Médecins pour les droits de l'Homme (PHR - Physicians for Human Rights) vient confirmer les témoignages recueillis par l'association de Matata. Entre 2000 et 3000 civils ont été tués au Rwanda par l'armée depuis trois mois, dénonce l'organisation américaine, à l'issue d'une mission de quinze jours au Rwanda et en République démocratique du Congo (RDC - ex-Zaïre) fin juin. A Nairobi où il se trouvait mercredi, le vice-président et mini