Le cruel chef de guerre devrait devenir Président.
Charles Taylor, l'un des chefs de guerre les plus cruels du Liberia, est en train de gagner par les urnes le pouvoir qu'il n'a jamais réussi à conquérir par les armes. C'est aujourd'hui en effet que la Commission électorale indépendante devrait annoncer les résultats définitifs de l'élection présidentielle de samedi, la première depuis le début de la guerre civile en 1989. Et au vu des résultats partiels, Taylor a toutes les chances d'être élu président dès le premier tour. Avec 65% des suffrages exprimés et après dépouillement de la moitié des bulletins, il est déjà loin devant les douze autres candidats. Son principal rival, une femme jamais mêlée à la guerre des factions, Ellen Johnson-Sirleaf, est à moins de 16%.
Descendant par son père des esclaves américains qui fondèrent en 1822 le première République d'Afrique, Charles Taylor est né en 1948 dans une banlieue aisée de Monrovia. Après des études aux Etats-Unis, il entre dans la fonction publique sous le régime dictatorial de Samuel Doe. En 1984, celui-ci l'accuse d'avoir détourné près d'un million de dollars. Taylor s'enfuit aux Etats-Unis. Il y est arrêté mais s'évade avant que Doe ait obtenu son extradition. Il disparaît quelque temps de la scène publique, entre la Libye et l'Afrique de l'Ouest, avant de réapparaître en 1989 en Côte-d'Ivoire. Le 24 décembre 1989, il déclenche la rébellion et renverse le régime de Doe. Il se forge rapidement une réputation de sanguinai