Genève de notre correspondant
La honte. Il a fallu plus d'un demi-siècle pour que Georg Krayer, le président de l'Association suisse des banquiers (ASB), reconnaisse cette semaine que les établissements helvétiques ont utilisé des tactiques dilatoires pour éviter de restituer l'argent des victimes du nazisme: «J'ai honte. En lisant la liste des 1872 noms que nous publions dans le monde entier, je me suis aperçu que ce n'était pas très difficile de retrouver les héritiers. Aucune feuille de vigne ne sera jamais assez grande pour cacher les négligences de mes collègues d'après-guerre», a-t-il affirmé.
Il n'a fallu que quelques heures à des journalistes pour trouver dans l'annuaire téléphonique les adresses de certaines personnes parmi les noms de 1872 titulaires de comptes dormants, publiés ce jeudi dans 60 journaux de 27 pays. Ainsi, Sabine Colombani, imprimeur à Paris, Henri Brewster, diplomate à Florence, Marie-Antoinette de Talleyrand, duchesse, et Ramon Serrano Suner, ancien ministre de Franco qui avait rencontré à plusieurs reprises Hitler et Mussolini, et qui a reconnu posséder de «petits comptes en Suisse».
Le contenu des listes se révèle très hétéroclite. Comme si les banquiers après s'être bétonnés dans le silence pendant des décennies, avaient lâché ces noms dans la plus grande précipitation. Des descendants des victimes du nazisme sur les traces de leurs parents sont en effet tombés sur les noms de ceux qui ont collaboré à leur extermination. Le Centre Simon Wiesentha