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Des vents et des hommes (1). Aujourd'hui, la Chine.Comment Shan dompta le vent jaune. Autour de Pékin, menacé par les tempêtes de sable, il a dressé un rempart d'arbres.

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publié le 28 juillet 1997 à 5h34

Pékin, de notre correspondante

Il était une fois en Chine, un cadre du Parti du nom de Shan Zhao Xiang. En 1981, Shan reçut une directive singulière. Une missive, émanant des plus hautes sphères du régime, lui confiait «la mission stratégique de dompter le vent jaune»... Autant chercher à faire disparaître la lune ronde des nuits bleutées, faire taire les cigales, ou supprimer l'odeur un peu acre des pastèques et du thé. Le vent jaune, c'est le démon de la Chine du Nord. Un souffle de poussière qui s'élève du désert de Gobi, happé par le climat de haute pression venu de Mongolie. Il court le long de la steppe et s'engouffre dans les couloirs montagneux qui encadrent Pékin, au niveau de la «montagne du loup» et de Gubeikou, longe le cours des rivières encadrées de dunes de sable, pour débouler, en rouleaux épais, dans les grandes avenues de la capitale. Le vent jaune s'immisce alors dans les interstices, jusqu'à faire grincer les dents. Il couvre son passage d'une pellicule de terre qui donne aux objets l'air d'avoir mille ans. «Lorsque le vent jaune souffle, Pékin ressemble à un cendrier et lorsqu'il pleut, à un encrier», explique un joli dicton. Mais dans cette Chine, où par volonté impériale et force collective, on a su construire une Grande Muraille, détourner un vent, fût-il jaune, n'avait finalement rien d'une mission impossible. Désertification. Ainsi débute ce conte réaliste de la Chine moderne. Nous sommes au début des années 80, et les tempêtes de vent jaune, telle