Madrid, de notre correspondant.
Javier Elzo, professeur de sociologie à l'université de Bilbao, travaille depuis des années sur la violence, et notamment la violence des jeunes, au Pays basque.
La mobilisation de la société a été impressionnante après l'assassinat de Miguel Angel Blanco. Est-ce un tournant?
Des réactions contre la violence, il y en a déjà eu par le passé, et elles n'ont rien changé. Celle-ci a été particulièrement forte, mais je ne crois pas qu'il y aura un «avant» et un «après». Cette réaction, c'est exactement ce que cherche l'ETA. Elle ne s'est pas «suicidée» en commettant cet attentat, contrairement à ce qu'ont dit certains hommes politiques. L'ETA cherche avant tout à provoquer une réaction violente contre elle, pour légitimer ainsi ses actions, sa propre violence. Tout était soigneusement calculé: en enlevant Miguel Angel Blanco, l'ETA savait très bien qu'elle allait le tuer quarante-huit heures après Pourquoi ne l'a-t-elle pas assassiné directement, sans cet ultimatum? Justement, pour provoquer ce rejet, cette réaction citoyenne. L'ETA recherche la dialectique action-répression-action, qui justifierait son existence. Sous Franco, il y avait les tortures, l'état de siège" Puis, en démocratie, dans les années 80, il y a eu le GAL (les mercenaires de la «guerre sale» contre l'ETA, ndlr)" Aujourd'hui, depuis dix ans, c'est une réaction pacifique: les manifestations silencieuses après les attentats, les enlèvements" L'ETA ne supporte pas cette réaction pacif