Pale, envoyé spécial
Quand le bâtiment va, tout va. A Pale, les chantiers de villas, entrepôts, pizzerias surgissent en cette saison estivale, tandis que les paysans fanent dans les champs et que les voyous ou militaires flânent aux terrasses, au son de la techno. Partout aussi fleurit le dernier poster en vogue: un portrait de Radovan Karadzic, goguenard, sous une inscription en anglais: «Ne le touchez pas!» Si les trajets de Karadzic sont désormais secrets, l'opération-commando de Prijedor, lancée par la force multinationale de stabilisation (Sfor), le 10 juillet, pour arrêter deux criminels de guerre et qui s'est soldée par la mort de l'un deux, n'a affecté ni la quiétude ni le développement de la petite capitale, seule localité en expansion dans la République serbe. Boris, militaire d'une unité spéciale, explique cette sérénité: «Depuis les élections de septembre dernier, la protection de Karadzic est en état d'alerte rouge. Ce que la Sfor trame ailleurs ne change rien pour nous.»
Douze kilomètres plus bas, à Sarajevo, un regain d'excitation règne pourtant entre les murs des états-majors de la Sfor. Même le commandement français, qui ne s'était pas associé à l'opération de Prijedor, participe à l'engouement général. En aparté, un officier français affirme: «Cette fois, la campagne contre les criminels de guerre est lancée. Nous irons jusqu'au bout.» Donc, tout le monde prépare les prochaines captures, qui devront être multiethniques (les chefs mafieux croates de Mostar-o