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Libération

Etrange mise en scène pour Pol Pot. Filmé, son procès doit servir les futures alliances politiques des Khmers rouges.

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publié le 30 juillet 1997 à 5h27

Le vieil homme qui titube, l'air hagard, entre les deux gardes qui

l'aident à se lever pourrait être n'importe quel paysan cambodgien. Mais ce qui frappe le plus est qu'il est le seul vieillard à cheveux blancs dans la foule de quelques centaines de personnes qu'on aperçoit sur la vidéo. Bien peu de Cambodgiens de sa génération ont vécu jusqu'à son âge ­ 69 ans révolus. Et ce vieillard appuyé sur une canne de bambou en est largement responsable. Cet homme, vêtu simplement d'un pantalon de coton noir, d'une chemise vert clair et d'un «kramah» (l'écharpe traditionnelle) à damier bleu et blanc, n'est autre que Saloth Sar, alias Pol Pot, alias «Frère numéro un», le chef suprême des Khmers rouges. Son règne ­ entre 1975 et 1979 ­ avait entraîné la mort de centaines de milliers, voire de plusieurs millions, de ses compatriotes, due aux massacres, aux famines et aux maladies. Depuis dix-huit ans, aucun Occidental n'avait vu et approché Pol Pot, dont la mort avait été annoncée à plusieurs reprises. Lundi soir la chaîne américaine ABC a diffusé les images tournées vendredi à Anlong Veng, au nord du Cambodge, par un cameraman qui accompagnait le correspondant du magazine Far Eastern Economic Review, Nate Thayer. Les journalistes devenaient ainsi les témoins du «procès populaire» organisé par les Khmers rouges pour juger leur ex-chef historique.

A l'évidence, la mise en scène ne devait rien au hasard. Déclarés hors la loi par le gouvernement de Phnom Penh en 1994, universellement condamn