Darwin, envoyée spéciale
Au musée du Territoire du Nord, tout à côté de Darwin, dans une pièce étroite et sombre, est emprisonnée la voix du cyclone Tracy. Une fois la porte refermée, une bande sonore se déclenche. Dans la nuit artificielle, un vent vieux de vingt-trois ans se démène et rugit. Comme un fantôme qui s'agrippe aux murs. Un peu plus loin, on peut voir une photo, parmi d'autres: le capot d'une voiture défoncée, sur lequel quelqu'un a tracé en lettres blanches «Tracy salope!» Consignes de sécurité. C'est dans cette galerie de musée que les gens de Darwin ont choisi d'enfermer Tracy qui, après deux autres cyclones et les bombardements japonais pendant la Deuxième Guerre mondiale, a, pour la quatrième fois en moins d'un siècle, détruit leur ville à la veille de Noël 1974. En noir et blanc se déclinent les clichés d'une désolation puis d'une résurrection. Car, vingt ans plus tard, personne ne se lamente. Darwin a appris à survivre aux cyclones. Pour lutter contre le vent, les Blancs s'enferment dans du béton, bâtissent des abris anticycloniques dans les écoles, dressent des plans d'évacuation et, quand revient la saison des pluies, récitent des consignes de sécurité que plus personne n'ignore. Ici, on ne s'en est jamais laissé conter, ni par le vent ni par quiconque. Entre le 26e parallèle et la mer de Timor, ceux qui se revendiquent comme des «territoriens» se moquent des lois, rebelles à toute autorité sur la terre comme au ciel. Certes, personne n'a oublié. «Il s