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Libération

Comores: les barricades tricolores s'entrouvrent. La menace de disette a fait tomber la tension à Anjouan, qui réclame son rattachement à la France.

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publié le 1er août 1997 à 8h01

Mutsamudu, envoyé spécial

Anjouan a retrouvé son rythme de croisière, entre indolence et apathie. De son coup de colère contre le pouvoir central, il ne reste guère de trace que ces inscriptions sur les murs: «Prêts pour l'indépendance! Vive la France!» La grande majorité des habitants de l'île est retournée à ses occupations, laissant à ses notables le soin de gérer leur différend avec le gouvernement fédéral des Comores. L'agitation de ces deux dernières semaines, et les barrages des jours passés, ont singulièrement entamé des garde-manger le plus souvent vides de cet archipel à la pauvreté endémique. Pour l'heure, donc, la menace de disette a fait tomber la tension. Mais rien, au fond, n'est résolu. «Estomac vide n'a pas d'oreille», craint d'ailleurs le gouverneur Cheikh Allaoui, dépêché par le pouvoir et dont les séparatistes exigent le rappel, «il serait bon de trouver rapidement une issue à la crise avant que l'affaire ne reparte de plus belle». Et afin de parer à toute éventualité, cet ancien commandant de la gendarmerie d'Anjouan, réputé pour être homme à poigne, a installé la troupe autour de sa résidence. Un déploiement opéré avec l'aval des dirigeants indépendantistes qui assurent avoir obtenu en échange «la garantie que les soldats resteront sur leurs positions et ne descendront pas en ville». Fort de cet engagement, Ahmed Charkane, dit Charlie, libéré à la suite des grandes manifestations de samedi dernier, a réussi à convaincre les jeunes émeutiers de lever l