Le Parlement suisse avait voté en 1962, sous la pression des
organisations juives, un arrêté fédéral exigeant «que soient déclarés dans les six mois tous les avoirs en Suisse dont les propriétaires étaient des étrangers ou des apatrides dont on est sans nouvelles sûres depuis le 9 mai 1945 et dont on sait ou présume qu'ils ont été victimes de persécutions raciale, religieuse ou politique». Les banques ne retrouvèrent qu'un montant d'une dizaine de millions de francs suisses avant de décréter le dossier clos. Le fruit des pressions internationales aboutit à la publication de la liste du 23 juillet dernier. En l'espace d'une semaine, 12372 demandes ont été enregistrées dans les bureaux de contacts de la fiduciaire Atage Ernest and Young. La page de l'Internet a enregistré jusqu'à mercredi 2,95 millions de connexions (1).
Genève de notre correspondant Début de matinée, 23 juillet 1997, Berne. L'ambassadrice américaine Madeleine Kunin parcourt le Financial Times. Le quotidien financier britannique, comme 60 journaux dans 27 pays, publie le nom des 1872 titulaires de comptes dormants en Suisse depuis la Seconde Guerre mondiale. Pour la première fois, l'Association suisse des banquiers (ASB) lève un coin du voile sur le secret bancaire helvétique. Soudain, le choc. Madeleine Kunin découvre le nom de sa mère, Renée May. Celle-ci ne lui avait jamais soufflé mot de ce dépôt. L'histoire personnelle de Madeleine Kunin vient de rejoindre ses préoccupations d'ambassadrice des Etats-Unis. D