Kinshasa, envoyé spécial
Au nouveau Congo, l'Europe vole au secours de la victoire sans états d'âme. Hier, en conclusion d'une visite de deux jours à Kinshasa qui constituait le premier contact politique avec le nouveau régime de Laurent-Désiré Kabila, une troïka ministérielle a annoncé qu'elle allait «recommander» la reprise de la coopération avec l'ex-Zaïre, suspendue depuis 1992. Exprimant sa «profonde satisfaction» au sujet de la «fin de l'ancien régime dictatorial» du maréchal Mobutu, la troïka européenne s'est refusée à «mettre en doute la parole donnée» des nouvelles autorités au sujet de la démocratisation du pays et du respect des droits de l'homme. Quant aux quelque 200 000 réfugiés hutus, dont un nombre inconnu a été massacré par les troupes rebelles alors que les rescapés ont trouvé la mort ou se cachent toujours dans la forêt équatoriale, le chef de la délégation, le ministre luxembourgeois Jacques Poos a estimé qu'il «n'appartient à personne de porter des jugements péremptoires sur ce qui a pu se passer»" Tueries systématiques. Cette sortie a été provoquée par une question rappelant les déclarations très fermes d'Emma Bonino, commissaire européen chargé des droits de l'homme, qui voulait faire du sort des réfugiés hutus et du respect des engagements démocratiques du nouveau régime des «conditions préalables à une reprise de l'aide européenne». Hier, en revanche, la troïka s'est «félicitée» de l'«accord irrévocable» de Laurent-Désiré Kabila de laisser venir et