Son destin se confond avec celui des Comores. Saïd Ali Kemal est le petit-fils du dernier sultan de Grande Comore, Saïd Ali, celui qui en 1883 demanda le protectorat français, accordé trois ans plus tard. Cette année-là, les quatre îles de l'archipel comorien signaient toutes le traité de protectorat. Unies sous le même drapeau français. Aujourd'hui, Prince Kemal, qui dirige l'un des principaux partis d'opposition, le Parti pour la fraternité et l'unité des îles, considère les événements d'Anjouan comme un «soubresaut nostalgique». Anjouanais par sa mère et sa femme, il sait pourtant les frustrations d'une population dont la révolte était «prévisible, logique, tragique».
En vingt ans, l'ancien journaliste de l'ORTF puis de FR3 a été de tous les régimes, sans jamais s'attarder. Premier ambassadeur de la République comorienne en France en 1978, il démissionne au bout de deux ans, pour désaccord politique avec le président Abdallah. En 1990, il se présente à l'élection présidentielle. Arrivé en troisième position, il apporte ses voix, sans conviction, à Saïd Mohamed Djohar. Il occupera six mois le portefeuille de l'Economie, avant de démissionner. En septembre 1995, Bob Denard revient et renverse Djohar. Kemal et Mohammed Taki se partagent brièvement la coprésidence. Il se présente à nouveau à l'élection présidentielle de mars 1996 et soutient Taki au second tour. «Mais j'ai compris qu'on ne pourrait pas travailler ensemble.» Taki voulait que l'ex-opposition se fonde en un parti