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Libération

Affaire Toscan: un coupable idéal

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Suspecté du meurtre en Irlande, Eoin Bailey est déjà condamné par l'opinion.
publié le 9 août 1997 à 7h42
(mis à jour le 9 août 1997 à 7h42)

Schull, envoyé spécial

Eoin Bailey est probablement l'Anglais le plus haï d'Irlande. Cela fait maintenant plus de cinq mois que le pays tout entier tient ce journaliste free-lance, âgé de 40 ans, poète autoproclamé, jardinier bio par conviction et nécessité, pour le meurtrier de Sophie Toscan du Plantier, l'épouse du producteur français de cinéma, retrouvée le crâne fracassé le 23 décembre au bout d'un chemin menant à sa villa de vacances sur la lande de Toormore, dans le sud de l'île. Eoin Bailey a juste été interrogé pendant douze heures par la police irlandaise, la Gardai, en février, avant d'être relâché faute de preuves. Premier journaliste accouru sur les lieux, quelques heures après la découverte du corps, il est devenu aussi le principal suspect.

Au cours des six derniers mois, les enquêteurs ont entendu plus d'un millier de témoins. «Il n'y a que moi qui ait été montré du doigt, donné en pâture à l'opinion, lynché par la presse alors qu'ils n'ont rien dans leur dossier, rien du tout.» Bailey n'est pas inculpé. Il est libre de rencontrer qui il veut, d'aller où bon lui semble. Il pourrait même quitter le pays sans qu'on puisse actuellement l'en empêcher. Cela soulagerait ses voisins à Toormore ou encore les habitants de Schull, le petit port de plaisance distant de quelques kilomètres où il a ses habitudes, et à vrai dire, tout ce bout d'Irlande méridionale traumatisé à l'idée qu'un des siens puisse être l'auteur de l'unique meurtre commis dans la régi