Le second mandat du président Alpha Oumar Konaré, considéré par la
communauté internationale comme un homme de dialogue et un démocrate, a démarré comme celui d'un autocrate. Son parti, l'Adema (Alliance pour la démocratie au Mali), détient quasiment tous les sièges de l'Assemblée nationale. L'élection législative du 20 juillet a été boycottée par l'opposition, et deux personnes ont été tuées au cours de manifestations.
Depuis que la Cour constitutionnelle a annulé en avril, pour mauvaise organisation, le premier tour des législatives, le Mali vit dangereusement. La jeune démocratie a incarcéré une dizaine de leaders d'opposition. Et celle-ci se radicalise. Rassemblés en «collectif», dix-huit partis de l'opposition réclament désormais la démission du gouvernement, la dissolution de la Commission électorale indépendante, l'accès de tous les partis aux médias d'Etat. Enfin, le «collectif» ne reconnaît pas l'élection du président Konaré, investi le 8 juin. Hier, le débat politique a une nouvelle fois débordé dans la rue. Quatre leaders de l'opposition ont été arrêtés à Bamako, après le lynchage d'un policier au cours d'un meeting samedi soir, dont le président du collectif, Almamy Sylla. Des militaires ont été également envoyés dans la nuit de samedi à dimanche au domicile d'un autre opposant, Oumar Mariko, ancien leader du mouvement des étudiants qui fut, en 1991, le catalyseur de la chute de l'ancien dictateur, Moussa Traoré. Ils ont également investi la radio libre à laquelle