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Libération
Interview

«L'archipel n'arrivera à rien sans aide internationale». Pour le consultant Patrick Crosset, de nouvelles priorités devraient être définies.

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publié le 13 août 1997 à 7h35

Consultant, Patrick Crosset a effectué trois missions aux Comores en

deux ans, dont la dernière en décembre 1996. Tous ceux qui ont travaillé aux Comores, dit-il, savaient que l'indifférence de la communauté internationale et l'incurie des gouvernements qui se succèdent à Moroni allaient pousser les Comoriens à se révolter.

La situation n'a donc rien à voir avec l'attachement au drapeau français?

Le problème n'est pas politique. Les Comoriens perçoivent 2 francs d'aide publique par jour et par habitant, essentiellement des Nations unies, de l'Union européenne et de la Ligue arabe. Mais 2 francs, alors qu'à Mayotte, à 50 kilomètres de là, l'aide globale française atteint 100 francs voire 200 francs par jour, c'est insupportable. On peut abandonner des colonies, mais il faut au moins en assurer un développement économique minimal. C'est vrai que la population a pratiquement doublé en vingt ans. En l'an 2000, les Comoriens seront 600 000. La moitié aura moins de 15 ans, et aucune perspective économique. Sur le plateau du Niounakélé, le tiers sud-est d'Anjouan, la situation est catastrophique, tous les consultants qui y passent le savent. Les gens sont obligés de travailler quinze heures par jour pour survivre avec des rations minimales, et ça dure depuis presque une dizaine d'années. Il y a 12 à 14 enfants par femme, et aucun suivi de la contraception. Les villages sont coupés du monde, il n'y a même pas de route pour y arriver. La misère totale. Ils ne veulent pas se rattacher à