Menu
Libération

Kabila brouille le jeu à Brazza Il tente de doubler les négociations menées par le Gabon et l'ONU.

Article réservé aux abonnés
publié le 22 août 1997 à 7h10

Kinshasa envoyé spécial

Installé sur la terrasse d'un immeuble surplombant le port fluvial de Kinshasa, le restaurant «Au plein vent» était connu et fréquenté pour sa vue panoramique sur Brazzaville, la capitale du Congo en face. «C'est là, l'Afrique française», indique désormais, peiné, le maître d'hôtel au fort accent belge en pointant dans l'obscurité totale. Dorénavant, les fins de soirée offrent les rayures rouges de balles traçantes dans le ciel nocturne et la mise à feu des orgues de Staline. Depuis dix jours, pour un second round après une trêve de trois semaines, le président Pascal Lissouba et son prédécesseur, le général Denis Sassou N'Guesso, arrosent d'une pluie d'acier Brazzaville.

Grande soeur jumelle sur l'autre rive du fleuve Congo, Kinshasa ne peut se désintéresser des combats à Brazzaville. Non seulement des pièces d'artillerie tombent de son côté mais, depuis juin, quelque 20 000 habitants de la capitale congolaise se sont réfugiés ici, dont la moitié au cours de dix derniers jours. La plupart d'entre eux viennent des quartiers nord, sous le contrôle de Sassou N'Guesso mais, de plus en plus, exposés à la puissance de feu supérieure du côté gouvernemental. «La population civile a déserté ces quartiers et s'est réfugiée soit sur la rivière Djiri, à une vingtaine de kilomètres au nord, soit à Kinshasa», indique un professeur arrivé mercredi. D'autres réfugiés confirment qu'à Ouenzé, Mungadi et Poto-Poto, il n'y aurait plus de «bouchons», le nom des barrages m