Kinshasa envoyé spécial
La dernière danse en vogue à Kinshasa, d'un genre assez frénétique, s'appelle le dombolo. Un ambassadeur africain sur place a recours à cette image pour décrire la position, plutôt inconfortable, de Laurent-Désiré Kabila, le tombeur du maréchal Mobutu. «Kabila, c'est comme un homme qui danse le dombolo sur l'eau, dit-il. Il saute d'une planche pourrie à l'autre, le plus vite possible, parce qu'aucune d'entre elles n'est assez forte pour le porter.» Cent jours après son investiture, le président de la nouvelle République démocratique du Congo n'a pas encore assis son pouvoir. Sinon sur les baïonnettes de ses alliés rwandais et entre les chaises de diverses factions politico-ethniques qui, en l'absence de cette présence militaire étrangère, se seraient déjà entre-déchirées.
Plusieurs armées Le premier clivage, et de loin le plus important, sépare les civils des militaires. Monde à l'envers, ceux-ci commandent, ceux-là obéissent. Comme du temps du maréchal-président, il n'y a pas une armée, mais plusieurs: les unités de combat tutsies, les janissaires congolais que celles-ci ont recrutés lors de leur marche sur Kinshasa et, enfin, les soldats katangais, «ex-gendarmes» et nouvelles recrues confondus. Seules soudées à l'épreuve du feu, bien que la «libération» fût largement une guerre virtuelle entre des rebelles avançant et des garnisons fuyant le combat en pillant, les unités tutsies se structurent autour de compagnies régulières de l'Armée populaire rwan