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Libération

A Kinshasa, les indésirables du Royal. Réfugiés dans l'immeuble de l'ONU, des Hutus rwandais sont en danger de mort.

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publié le 30 août 1997 à 6h50

Kinshasa envoyé spécial

L'immeuble s'appelait dans le temps Le Royal. Le nom figure encore sur l'entrée principale, mais plusieurs agences des Nations unies ayant installé ici leur quartier général, il est aujourd'hui plus connu comme «building de l'ONU». Situé en plein centre-ville de Kinshasa, sur l'artère principale du boulevard du 30-Juin, ce quadrilatère en béton n'a rien d'exceptionnel: neuf étages de bureaux et, dans la cour, un imposant parc de voitures tout-terrain rangées dans des box. En face de l'un d'eux, «réservé à la mission humanitaire du Pnud» (Programme des Nations unies pour le développement), une guérite en carton intrigue. Elle abrite un matelas de mousse sale. En s'enfonçant dans l'obscurité d'un couloir qui, traversé de conduites d'aération et d'évacuation, n'est en fait qu'un sas entre des bureaux et leurs cabinets d'aisance, on découvre d'autres lits improvisés. Quarante-quatre réfugiés, dont six enfants, campent ici depuis de longs mois, certains depuis novembre dernier. Bien qu'ils soient en danger de mort, il n'y a pour eux aucune solution.

Pillages. C'est le cas de vingt-quatre réfugiés hutus rwandais. La plupart d'entre eux, comme Emmanuel Kayihura, sa femme et leurs trois enfants, ont été victimes de la chasse aux Rwandais déclenchée à Kinshasa par le début de la guerre dans l'est du Zaïre, en octobre dernier. «A l'époque, personne à Kinshasa ne parlait d'une rébellion, se souvient Emmanuel Kayihura, juriste de formation. On dénonçait l'invasion