La coopération militaire des Etats-Unis avec le Rwanda a été mise en
cause par le Congrès américain. Le Pentagone est accusé d'avoir assuré l'entraînement de soldats rwandais ayant participé au renversement de l'ex-président zaïrois Mobutu, voire de s'être compromis dans les crimes contre l'humanité commis par des troupes rwandaises à l'encontre de centaines de milliers de réfugiés hutus, pourchassés depuis octobre à travers le Zaïre. Le ministère de la Défense a reconnu que son assistance technique a largement dépassé le cadre humanitaire affiché, mais continue de démentir toute implication américaine dans la «rébellion» au Zaïre. Cet aveu d'un engagement militaire, dont sont niées les conséquences, soulève plusieurs questions.
Qui a obligé le Pentagone à admettre sa coopération opérationnelle avec l'armée rwandaise? Le Parlement américain et une organisation humanitaire. Le 16 juillet, la commission pour les affaires internationales de la Chambre des représentants a invité à une séance de témoignages l'ONG Physicians for Human Rights (PHR) qui, le jour même, publiait les résultats d'une enquête menée pendant deux semaines dans l'ouest du Rwanda et l'est du Zaïre. Le rapport de PHR faisait état d'atrocités perpétrées à grande échelle par l'armée rwandaise contre la population civile hutue de part et d'autre de la frontière. Son auteur, Cathi Austin, avait déjà rédigé en 1995, pour le compte de l'ONG Human Rights Watch, une enquête très politique mettant en cause, à l'époque