Banja Luka, envoyé spécial.
L'affront est de taille. Et les visages crispés de rage des dirigeants nationalistes serbes ne le disent que trop bien. Tête basse, regard furieux, ils suivent la colonne désarmée de leurs gardes du corps menée d'un pas martial par des soldats britanniques. Massés sur les trottoirs, les badauds n'en croient pas leurs yeux, s'enhardissent. «Voleurs, bandits!» Les cris fusent. Quelques oeufs suivent. Jamais les puissants patrons du SDS, le parti de Radovan Karadzic qui règne en maître sur la Republika srpska (RS, le territoire serbe de Bosnie) depuis le début de la guerre dans ce pays, n'avaient eu à subir pareille humiliation.
Hier, son état-major politique au grand complet a ainsi dû accepter l'encombrante protection des troupes de l'Otan, ainsi que les conditions draconiennes dictées par le haut représentant de la communauté internationale, afin de pouvoir quitter le grand hôtel de Banja Luka où l'état-major s'était retranché la veille, assailli par les partisans de la présidente bosno-serbe Biljana Plavsic, cerné par les policiers fidèles à cette dernière.
Ainsi s'achève, sur une défaite retentissante des partisans de Karadzic, une nouvelle manche dans la lutte qui divise la famille nationaliste serbe depuis quelques semaines. En convoquant, lundi soir, un rassemblement électoral à Banja Luka, les dirigeants du SDS pensaient pourtant s'être donné tous les moyens pour reconquérir le fief de Biljana Plavsic. Aucun des gros calibres du parti ne manqua