Dakar envoyée spéciale
Certains disent qu'à sa mort, un nuage de poussière a enveloppé le Sénégal d'une lumière aussi blanche que les ailes des anges. Abdoul Aziz Sy, le grand calife des tidjanes, la plus grande confrérie musulmane du Sénégal, était un homme respecté et son décès, le 14 septembre, a été «une nouvelle à la fois terrible, désarçonnante et assommante», selon l'hebdomadaire «Le Cafard libéré». Le décès, à 93 ans, de ce chef spirituel, qui guidait depuis quarante ans près de 45% des musulmans du Sénégal, a pris ici l'allure d'un deuil national. Le syndicat des transporteurs routiers a suspendu une grève. Les programmes des radios ont été chamboulés et les témoignages de tristesse envahissent les journaux. Vendredi encore, des milliers de fidèles se sont pressés à la grande mosquée de Dakar pour écouter les enseignements du défunt calife. Et à Tivaouane, ville sainte de la Tidjanya, les délégations du monde entier se succèdent pour présenter leurs condoléances à Serigne Mansour Sy, neveu et successeur, à 72 ans, d'Abdoul Aziz. Pouvoirs extraordinaires. Le système confrérique, caractéristique d'un islam qui s'est adapté aux anciennes féodalités africaines, est un des piliers de la vie politique, sociale et économique du pays. Les puissants font la cour au calife, sachant que, mieux que les partis, les confréries ont le pouvoir de mobiliser leurs «talibés» ou fidèles. Les pauvres s'en remettent à eux, les créditant de pouvoirs extraordinaires. La Tidjanya, fondée a