Ziguinchor envoyée spéciale
Le sous-préfet n'aime pas passer la nuit à Ziguinchor. Il vient pourtant d'une zone de combat. Vendredi, à moins de 20 km de la capitale de la Basse-Casamance, un «ratissage» de l'armée à mal tourné. Quatre rebelles ont été tués, 7 militaires blessés. Mais au moins, là-bas, ses hommes le protègent. Serrés l'un contre l'autre, lui et sa femme dînent dans l'un des rares bars de Ziguinchor où chacun sait qui est qui. De fait, il n'y a pas grand monde. «Les flics, encore, on les reconnaît, mais les rebelles"» La psychose de l'infiltration nourrit une nuée d'indicateurs et empoisonne l'atmosphère de cette ville enfouie dans la verdure, située à moins de deux heures de route des plages touristiques du cap Skirring. Les détentions sans jugement continuent, selon Amnesty international. Le frère de l'abbé Diamacoune, le leader des indépendantistes casamançais, s'est fait récemment bastonner à un barrage. Pour les jeunes militaires venus d'autres régions du Sénégal, embourbés dans un maquis particulièrement pénible en cette saison des pluies, que le vieux monsieur s'appelle Bertrand, alors que la figure symbolique de la rébellion casamançaise se prénomme Augustin, a peu d'importance. Tous Diamacoune, tous Diolas, tous rebelles. C'est un officier qui le dit: «La Casamance, c'est une question à 30% militaire, 40% politique, et le reste, le problème d'une population dont on ne peut pas prévoir la réaction.» La Casamance, rappelle un instituteur, «c'est l'imbr