Une guerre secrète a lieu au Rwanda, où «la mort est devenue à
nouveau une banalité pour les citoyens ordinaires, qui vivent dans la terreur sachant que leur origine ethnique ou la sympathie qu'on leur prête les désignent comme cibles de violences arbitraires infligées par l'un ou l'autre camp.» Ainsi est résumé l'enquête d'une cinquantaine de pages que publie aujourd'hui Amnesty International, décidé à «rompre le silence». Sous ce titre, le document décrit un pays, celui des mille fosses communes, où les soldats gouvernementaux et des «groupes armés d'opposition» s'affrontent moins entre eux qu'ils ne massacrent, les uns comme les autres, la population civile. Au moins 6 000 personnes ont été tuées entre janvier et août, affirme l'organisation humanitaire, qui estime que «le vrai bilan est sans doute sensiblement plus élevé». Sous couvert de lutte antiguérilla, l'armée tutsie a abattu «des milliers de civils, souvent des vieux, des femmes et des enfants». Elle s'est rendue coupable de «centaines d'exécutions extrajudiciaires», dont la liquidation de prisonniers détenus dans des «cachots communaux». Visés sont les Hutus et, en particulier, les quelque 900 000 réfugiés rentrés, de gré ou de force, depuis l'automne dernier. «Dans leur patrie, ces réfugiés font maintenant face à un sort semblable à celui qu'ils fuyaient dans l'exil», écrit Amnesty en s'interrogeant sur le bien-fondé des rapatriements organisés par la communauté internationale. «Bien des gouvernements étrangers o