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Libération

Un témoin français des tueries arrêté à Kinshasa. Cette détention et celle d'un Belge s'ajoutent à l'obstruction qui frappe l'enquête de l'ONU.

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publié le 27 septembre 1997 à 8h55

L'un est français, l'autre belge. Tous deux vivent en Afrique depuis

une trentaine d'années, parlent le lingala et le swahili, les deux langues véhiculaires dans l'ex-Zaïre. Ils se sont associés en affaires à Kisangani, la plus grande ville sur la boucle du fleuve Congo. Ils y possèdent un atelier mécanique, des engins de terrassement, une concession forestière. Celle-ci, située au sud de Kisangani, s'est transformée fin avril en un vaste charnier. Le Français, Jean-Marie Bergesio, 49 ans, séjournait alors à l'étranger. Après la conquête de Kisangani par les troupes de Laurent-Désiré Kabila, le 15 mars, il attendait avec sa famille en Europe de voir venir. Sur place, son associé belge, Antoine Declerc, presque septuagénaire et depuis 1956 installé à Kisangani, veillait sur leurs affaires. Quoique ancien mercenaire, chef du 8e commando en 1964, du temps où Bob Denard traquait des rebelles anti-Mobutu à la tête du 6e «codo», il était resté. Quoique racketté et parfois pris à partie, tout s'était bien passé. Jusqu'au 24 avril, après l'attaque des camps de réfugiés hutus. Sur 85 000 civils rwandais pris en charge par des organisations humanitaires, environ la moitié ont été massacrés. Antoine Declerc est bien placé pour en témoigner. Le 24 avril, sous la menace, les commandants ­ rwandais ­ de cette opération d'extermination lui ont «emprunté» deux gigantesques pelles mécaniques pour enterrer des corps, quatre jours durant" Depuis août de retour à Kisangani, Jean-Marie Bergesio a