Coïncidence, c'est au moment où Lionel Jospin est violemment pris à
partie par la presse algérienne pour avoir souligné «la violence de l'Etat algérien» qu'un texte para-officiel français met en cause cette même violence et demande une enquête internationale. Après deux réunions houleuses, la Commission nationale consultative des droits de l'homme, un organisme rattaché à Matignon, a remis hier soir au Premier ministre la résolution adoptée le même jour au cours d'une rencontre au Centre de conférence international de l'avenue Kleber, à Paris. Ce texte, qui sera rendu public ce matin, est une première à plus d'un titre. D'une part, il met en cause la thèse des autorités d'Alger en soulignant «la situation de conflit et de violence généralisée dans l'ensemble du pays» alors que ces dernières ne parlent que de «terrorisme résiduel». D'autre part, il «condamne les atrocités et les violations graves et massives des droits de l'homme», c'est-à-dire la violence des groupes armés islamistes et celle des forces de sécurité. Certes, ni les uns ni les autres ne sont cités explicitement, mais le choix des mots est transparent: dans le jargon humanitaire, «atrocités» se rapporte toujours à des «groupes privés» ici les islamistes et «violations des droits de l'homme» à un Etat. Enfin, et c'est le plus important, ce texte appelle à une enquête internationale en demandant de «soutenir les efforts des instances internationales pour qu'elles passent outre aux obstacles mis par les autori