Voilà un livre à la fois pathétique et fondamental, soporifique et irremplaçable. Il sera indispensable aux historiens, mais sans rien leur apprendre. Pour tous les spécialistes de l’Union soviétique, pour tous ceux qui chercheront, pendant de longues années encore, à faire la lumière sur ce moment toujours largement inexpliqué, ces six années de l’agonie communiste (de 1985 à 1991) les Mémoires de Mikhaïl Gorbatchev resteront un instrument de référence. Mais une référence biaisée, tordue, déformée par l’ego démesuré de son auteur, son amertume inentamée, et son aveuglement évident devant les phénomènes même qu’il a déclenchés.
Voilà en un mot un livre qui irrite et rend perplexe. Car le problème majeur de ces Mémoires est qu'elles éclairent moins une époque et ses événements que la psyché particulière du dernier secrétaire général du parti communiste de l'Union soviétique dernier dirigeant du molosse sur armé aux pieds d'argile. On sait qu'au fil des ans, Gorbatchev avait pris l'habitude de parler de lui à la troisième personne. L'idée qu'il se faisait de son importance avait été largement façonnée, et déformée, par le succès qu'il rencontrait dans l'opinion occidentale. Ses Mémoires sont les mémoires d'un fat, autoportrait involontaire.
Péché véniel, dira-t-on: pourquoi s'arrêter à l'évident petit côté d'un personnage dont l'importance historique volontaire ou non, c'est une autre affaire n'est plus à discuter?
La réponse est que ce sentiment hypertrophié de son importa