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Libération

Cameroun: arrestations préélectorales d'opposants. Paul Biya fait écrouer puis relâche l'écrivain Mongo Beti.

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publié le 4 octobre 1997 à 11h17

L'écrivain camerounais Mongo Beti a finalement été relâché, hier

soir, après avoir été placé en détention préventive toute la journée. Il avait été interpellé le matin sur les marches du Palais de justice de Yaoundé. «Toutes les rues environnantes étaient barrées par des véhicules anti-émeute, raconte un témoin. On l'a arrêté avec trois autres personnes et la police les a emmenés vers une destination inconnue». L'après-midi, on apprenait qu'il était retenu à la Légion de gendarmerie du Centre et six de ses amis qui s'y était rendu pour le rencontrer étaient arrêtés à leur tour. Mongo Beti était venu, en compagnie d'autres membres du «collectif pour la libération de Titus Edzoa», assister à l'audience de cet ancien proche du président Paul Biya, candidat aux présidentielles du 12 octobre avant d'être arrêté en juillet pour détournement de fonds. «Nous avons fait de l'agitation», admettait l'écrivain à sa sortie. L'auteur de Main basse sur le Cameroun, puis d'un livre critique sur ce pays qu'il retrouvait en 1991, après trente-deux ans d'exil en France, a été interpellé alors qu'il distribuait une pétition chargeant violemment le pouvoir camerounais: «Titus Edzoa ne serait-il pas victime d'un complot politique visant à l'écarter de l'élection présidentielle imminente, de peur qu'il ne piétine les plates-bandes ethnico-électorales du Chef de l'Etat?» L'annonce des arrestations à la radio et l'émoi causé à Yaoundé a sans doute évité à Mongo Beti et ses amis de passer plusieurs