Rio de Janeiro correspondance
«Je suis la photocopie du pape», affirme Mgr Eugenio Sales, cardinal de Rio. Le prélat, un conservateur notoire, a hébergé dans sa résidence Jean Paul II, lors de sa visite de quatre jours au Brésil, qu'il a quitté dimanche. «Mgr Sales est effectivement la voix de Rome, mais cette voix est bien souvent inadaptée à la réalité brésilienne»; commente Leonardo Boff, ex-prêtre, chef de file de la théologie de la libération.
Pour son troisième voyage au Brésil (il y est déjà venu en 1980 et en 1991), le souverain pontife a rappelé les préceptes moraux du catholicisme, à l'occasion de la deuxième «Rencontre mondiale de la famille». C'est l'un des rares terrains sur lequel chrétiens «conservateurs» et «progressistes» du Brésil se rejoignent, à quelques nuances près, pour condamner l'avortement volontaire ou la contraception. En revanche, en matière d'engagement politique et de pratique sociale, c'est une Eglise nationale profondément divisée qui a reçu le pape.
Faut-il ou non s'engager politiquement pour améliorer la vie des démunis? «Au nom de la réalité, du cri insupportable de la misère, nous devons sortir de nos églises et tenter de remédier concrètement aux problèmes, répond Leonardo Boff. Nous obtiendrons la libération en conciliant foi et vie.» Mgr Sales, austère cardinal de 76 ans, préconise pour sa part «une Eglise au-dessus des réalités locales, la grande Eglise universelle qui répond aux attentes spirituelles du peuple». C'est la dialectique d