Ange-Félix Patassé a sommé la France de quitter, au plus vite, ses
bases centrafricaines. Ayant finalement très mal pris l'annonce de Paris de fermer, d'ici l'été prochain, ses implantations permanentes à Bouar et à Bangui où sont «prépositionnés», au total, quelque 1500 soldats français, le président centrafricain a décidé de précipiter le mouvement. Mettant de facto l'armée française à la porte, bien que celle-ci lui ait sauvé depuis deux ans trois fois de suite son fauteuil présidentiel, Ange-Félix Patassé a fixé un ultimatum: il veut que Bouar, à l'intérieur du pays, soit femé avant le 15 octobre et que la base à l'aéroport de Bangui ainsi que le camp Béal, au coeur de la capitale, soient vidés un mois plus tard. «C'est totalement irréaliste, à moins de pratiquer une politique de terre brûlée, estime un responsable militaire français à Paris. Mais s'il continue à faire le malin, on emmène tout et on ne lui laisse rien. En passant en force, on peut faire place nette en trois semaines.»
Etouffé depuis deux semaines, le psychodrame entre Bangui et Paris tombe mal au moment où, dans la capitale française, on n'a pas assez de mots pour plaider la «normalisation», le «lissage» des relations franco-africaines. En fait, il y a déjà quinze jours, une «commission technique militaire», conduite par le général Sabathe, l'adjoint «opération» au chef d'état-major général des armées à Paris, s'est rendue dans la capitale centrafricaine pour négocier les modalités, et l'échéancier précis