En automne 1996, les troupes tutsies du Rwanda et du Zaïre se
lançaient dans une vaste offensive dans l'est du Zaïre (nord et sud-Kivu) pour «nettoyer» cette région des troupes hutues rwandaises qui s'y étaient cantonnées, et pour précipiter le retour de centaines de milliers de réfugiés en majorité hutus. Lors de cette campagne militaire a émergé Laurent-Désiré Kabila, opposant du maréchal Mobutu, choisi par l'administration de Kigali pour personnifier la rébellion. L'offensive a alors pris une nouvelle ampleur et s'est prolongée en direction de Lubumbashi, puis de Kisangani pour finalement permettre à Kabila, soutenu par ces troupes tutsies, de prendre le pouvoir dans le grand stade de Kinshasa en mai. Sans parvenir pour autant à «pacifier» les zones de repli des Hutus, dans les collines et forêts, de l'est au nord du pays.
C'est dans cette perspective que le vice-président rwandais Paul Kagame séjourne depuis lundi à Kinshasa. Homme de pouvoir, secret et discret, Paul Kagame est néanmoins l'homme fort et le véritable patron, tutsi, de la région des Grands Lacs. L'objet de sa visite à son exubérant «poulain», Kabila, est de coordonner des opérations militaires visant à assurer l'ordre dans l'est du Congo-Zaïre, à la frontière avec le Rwanda.
Tout semble montrer, en effet, que des foyers de milices hutues «interahmwe», largement responsables du génocide de 1994, alliées à des fractions de troupes zaïroises en débandades, trop compromises dans le régime mobutiste ou trop débous