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Libération
Interview

John Fru Ndi: «Un jour, le pays va exploser». L'opposant camerounais explique son refus de participer au scrutin.

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publié le 10 octobre 1997 à 11h38

Longtemps, Paris avait boudé ce «populiste anglophone». Il y a une

dizaine de jours, John Fru Ndi, chef du Social Democratic Front (SDF) et principal opposant au Cameroun, a séjourné à Paris où il a été reçu au Quai d'Orsay et à la Coopération. Interview.

Proscrit hier, vous êtes reçu à Paris. Qui a changé, vous ou les Français?

En tout cas, on vient de loin. Il a fallu s'expliquer, nouer des contacts, éliminer des malentendus. A Paris, on a fini par mieux se rendre compte qui est vraiment le président Paul Biya, quel type de régime on a ­ trop longtemps ­ soutenu. Je crois que les bouleversements violents en Afrique centrale, le fait que la France soit aujourd'hui sur la défensive, contestée, y est pour beaucoup. Le cocktail des scrutins frauduleux, des haines ethniques attisées et de la criminalisation de l'économie est enfin perçu à Paris. Les hommes d'affaires français, qui ont une connaissance concrète du terrain, ont joué un rôle important dans cette prise de conscience.

Pourquoi ne participez-vous pas à l'élection?

Biya ne gouverne pas le Cameroun; il passe des mois à l'étranger ou, quand il est au pays, séjourne dans son village. Il s'est maintenu au pouvoir grâce à quatre scrutins successifs, largement entachés de fraude. C'en est assez! Les règles du jeu ne sont pas équitables! D'ailleurs, Biya ne cesse de les changer. Avec quelque 250 ethnies ­ qu'il cherche à monter les unes contre les autres en jouant avec le feu de l'ethnicité ­, le Cameroun est une poudrière. Un j