Longtemps, Paris avait boudé ce «populiste anglophone». Il y a une
dizaine de jours, John Fru Ndi, chef du Social Democratic Front (SDF) et principal opposant au Cameroun, a séjourné à Paris où il a été reçu au Quai d'Orsay et à la Coopération. Interview.
Proscrit hier, vous êtes reçu à Paris. Qui a changé, vous ou les Français?
En tout cas, on vient de loin. Il a fallu s'expliquer, nouer des contacts, éliminer des malentendus. A Paris, on a fini par mieux se rendre compte qui est vraiment le président Paul Biya, quel type de régime on a trop longtemps soutenu. Je crois que les bouleversements violents en Afrique centrale, le fait que la France soit aujourd'hui sur la défensive, contestée, y est pour beaucoup. Le cocktail des scrutins frauduleux, des haines ethniques attisées et de la criminalisation de l'économie est enfin perçu à Paris. Les hommes d'affaires français, qui ont une connaissance concrète du terrain, ont joué un rôle important dans cette prise de conscience.
Pourquoi ne participez-vous pas à l'élection?
Biya ne gouverne pas le Cameroun; il passe des mois à l'étranger ou, quand il est au pays, séjourne dans son village. Il s'est maintenu au pouvoir grâce à quatre scrutins successifs, largement entachés de fraude. C'en est assez! Les règles du jeu ne sont pas équitables! D'ailleurs, Biya ne cesse de les changer. Avec quelque 250 ethnies qu'il cherche à monter les unes contre les autres en jouant avec le feu de l'ethnicité , le Cameroun est une poudrière. Un j