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Libération
Interview

Election présidentielle au Cameroun dimanche. «On se moque de la démocratie». Pour l'archevêque de Douala, le pays est au bord de l'explosion.

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publié le 11 octobre 1997 à 11h42

Douala envoyée spéciale

Il y a trois ans, on a tenté de l'impliquer dans un coup d'Etat. Son nom apparaît régulièrement comme un «présidentiable» de dernier recours. A 67 ans, le cardinal Christian Tumi, archevêque de Douala, n'hésite pas à prendre des positions tranchées. De façon générale, l'Eglise catholique, dont une dizaine de représentants ont été assassinés au Cameroun ces dernières années, intervient dans le débat public. Il y a une semaine, considérant que l'élection présidentielle de dimanche porte en elle les germes d'une déstabilisation, l'épiscopat a rendu publique une lettre pastorale, rappelant aux responsables politiques que «la fraude et l'injustice ["] provoquent tôt ou tard des réactions de violence incontrôlables».

Pourquoi dénoncez-vous l'organisation du scrutin présidentiel?

Nous sommes déçus. Personnellement, je pense que la souveraineté du peuple camerounais est bafouée. Ce n'est pas normal que dans un pays qui compte 14 millions d'habitants, seuls 3 millions d'entre eux disposent de carte d'électeur. Aujourd'hui, pour obtenir une participation plus crédible, le régime au pouvoir a décidé que l'on pourrait voter aux présidentielles avec une simple carte d'identité. N'importe qui pourra voter pour un illettré. On modifie les lois à volonté. Je suis sûr que, si la présidentielle était organisée dans la transparence, il y aurait un changement radical. Ceux qui sont au pouvoir savent bien qu'ils ne sont plus aussi populaires qu'autrefois.

Le Cameroun est-il u