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Libération

Cameroun: Paul Biya élu avant l'heure. Le président sortant assuré de l'emporter après le vote d'hier.

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publié le 13 octobre 1997 à 11h47

Douala envoyée spéciale

C'est le grand jour, celui où les Camerounais élisent le président qui les fera entrer dans le troisième millénaire, annonce solennellement la radio officielle. A Douala, sans la présence plus visible de gendarmes et de militaires, ce serait un dimanche comme les autres. Quelques voitures roulent sur les avenues fraîchement empierrées pour la venue de Paul Biya, président sortant et candidat à sa succession. Les femmes sont au marché. On se prépare à aller au temple ou à l'église.

Dans chaque quartier, des places d'école ont été transformées en bureaux de vote. Sept tas de bulletins pour les candidats en lice. Il est huit heures du matin et les scrutateurs des partis autres que celui de Paul Biya, le RDPC, sont rares.Ses adversaires comme Gustave Essaka n'ont ni les militants ni les moyens d'assurer une présence dans chacun des bureaux de vote du pays. Les Camerounais se demandent encore comment ce candidat, qui a fait campagne en taxi, a pu payer une caution d'un million et demi de francs CFA (15 000 francs) pour participer à la course à la magistrature suprême. Vaincu d'avance, il a surtout participé à l'illusion d'un scrutin pluraliste. Si Essaka et les autres font de la figuration, les trois principaux partis d'opposition représentés à l'Assemblée nationale ont boycotté les élections. Paul Biya est donc assuré de l'emporter. Seul enjeu, la participation qui le légitimera, ou dira si les Camerounais ont voté avec leurs pieds en faveur de l'opposition