En quatre jours et autant d'étapes sur le continent, du Gabon en
Côte d'Ivoire via l'Afrique du Sud et l'Ethiopie, Hubert Védrine vient de poser les jalons d'une rupture qui ne dira pas son nom. Banalisée sous forme de mesures successives d'adaptation, elle aura pout but de sortir la politique africaine de la France d'un double ghetto: son statut régalien de «domaine réservé» de l'Elysée et la limitation de son champ d'action aux anciennes colonies du «pré carré». Au cours d'un périple ayant mis l'Afrique francophone et anglophone, celle de l'ouest, de l'est et du sud à l'heure universelle de la jet-diplomatie, l'émirat pétrolier d'Omar Bongo, la vitrine ivoirienne de prospérité, l'Afrique du Sud de Nelson Mandela et l'Abyssinie mystérieuse ont été mélangés sans être confondus.
Dans «l'approche globale de l'Afrique» que le chef du Quai d'Orsay appelle de ses voeux, les «pays amis de longue date» et les nouveaux partenaires d'un «dialogue rénové» se conjuguent pour expurger les relations franco-africaines de leur bien souvent compromettante particularité. Dans cette Afrique plurielle, la normalisation avance sous couvert de normalité. C'est le ministre des Affaires étrangères, et non plus exclusivement le président de la République ou le ministre de la Coopération, qui se rend en visite sur le continent. Même lorsque l'actualité est aussi dramatique qu'au Congo-Brazzaville, il ne s'agit plus d'intervenir, mais d'éviter des mises en accusation de l'ancien «gendarme de l'Afri