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Libération
Interview

Jean-Luc Einaudi, chercheur. «Il y a eu chasse à l'homme».

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Les témoignages qu'il a cités au procès Papon font état de 300 morts.
publié le 18 octobre 1997 à 9h59

Jean-Luc Einaudi, éducateur au ministère de la Justice, est l'auteur du livre la Bataille de Paris, 17 octobre 1961 (Le Seuil, 1991). Il était cité comme témoin, jeudi à Bordeaux.

Que sait-on aujourd'hui de la répression de la manifestation du 17 octobre 1961, et comment ces informations ont-elles été recoupées?

On sait qu'il y a eu des violences criminelles commises contre des manifestants pacifiques. On sait qu'il n'y a pas eu d'affrontements entre des cortèges de manifestants et des forces de l'ordre, mais qu'il y a eu chasse à l'homme. Ces informations sont basées sur des témoignages écrits et oraux, multiples et convergents. Le doute persiste sur le nombre des victimes, dont on ne peut avoir qu'une appréciation approximative. Un certain nombre d'archives existent. J'ai moi-même consulté notamment des archives internes de la fédération de France du FLN, à partir desquelles j'ai pu procéder à des recoupements. J'ai eu ensuite accès à une série de témoignages écrits à l'époque et depuis. Par exemple au sein du service sanitaire des armées, où des séminaristes qui avaient été appelés à faire leur service national ont laissé plusieurs témoignages écrits faisant état, déjà, de 300 morts. J'ai recueilli ces témoignages dans les archives de la Mission de France (prêtres ouvriers, ndlr) et de l'Action catholique ouvrière.

On possède aussi depuis 1991 le témoignage de Constantin Melnick: en 1961, il était le conseiller de Michel Debré pour les affaires de police et