«On peut comprendre qu'un Etat reçoive un président sans prendre
uniquement en compte la situation des droits de l'homme dans son pays, mais de là à l'accueillir en grande pompe, il y a quelque chose qui ressemble à un déshonneur»: rarement levée de boucliers des organisations de défense des droits de l'homme aura été aussi unanime que s'agissant de la visite officielle en France, lundi et mardi prochains, de Zine ben Ali, le chef de l'Etat tunisien.
Hier, au cours d'une conférence de presse tenue symboliquement dans les locaux du Parlement européen à Paris, ces associations ont dit avec force leur indignation de voir accueillir «avec tous les honneurs» un président dont la dérive autoritaire va de pair avec une susceptibilité à tous crins concernant son «image». Si personne ne remet en cause le principe même de cette visite, la réception qui lui sera offerte à l'Assemblée nationale et à laquelle tous les députés ont été conviés, a mis le feu aux poudres après avoir été à l'origine de cinq annulations ou reports du voyage présidentiel. Zine ben Ali exigeait, en effet, le même traitement que celui réservé à Hassan II du Maroc, qui avait eu le (très rare) privilège pour un chef d'Etat étranger de prononcer un discours devant l'hémicycle. En son temps, le gouvernement d'Alain Juppé avait esquivé cette demande et proposé une (simple) réception à l'hôtel de Lassay, conscient des remous que provoquerait immanquablement l'intervention d'un chef d'Etat dont même les partisans admette