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Libération
Analyse

Les dérives d'un policier-président.

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Au nom du commerce et de la situation régionale, la France ferme les yeux.
publié le 20 octobre 1997 à 10h18
(mis à jour le 20 octobre 1997 à 10h18)

Fallait-il recevoir Zine Ben Ali, un président dont le palmarès en matière de droits de l'homme est des plus sombres? Peut-être, mais sans le moindre signe de déférence, répondent les organisations de droits de l'homme. Sans aucun doute, rétorquent l'Elysée, Matignon et le Quai d'Orsay, qui préfèrent insister sur «les réformes importantes» réalisées en Tunisie. Zine Ben Ali, lui, peut être satisfait. S'il a beaucoup attendu, négocié, boudé avant d'effectuer en France une visite reportée à trois reprises, celle-ci se déroulera finalement dans des conditions pas si éloignées de ce qu'il souhaitait, à quelques jours du dixième anniversaire de son arrivée au pouvoir, le 7 novembre 1987.

Image idyllique. Le chef de l'Etat tunisien n'aura certes pas réussi à arracher le traitement (rarissime) réservé à Hassan II du Maroc: prononcer un discours à l'Assemblée nationale française. Il n'aura pas davantage le lot de consolation imaginé, sous le cabinet Juppé, par Philippe Séguin, grand ami du régime tunisien: une réception au château de Versailles avec nuit à Trianon. Mais le gouvernement Jospin a opté pour le compromis imaginé par son prédécesseur à Matignon: une réception en l'honneur d'un homme plus policier que chef d'Etat à l'hôtel de Lassay, la résidence du président de l'Assemblée, et au Sénat. Un «geste» qui provoque l'indignation des organisations humanitaires (lire Libération de samedi), qui soulignent «le hiatus entre l'image idyllique que veut donner la Tuni