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Libération

Abidjan se met au vichy rose. Après la Côte-d'Ivoire, Tati hissera ses couleurs dans dix pays ouest-africains.

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publié le 21 octobre 1997 à 10h21

Abidjan, envoyé spécial

C'est la zone, la «zone 3» en l'occurrence, un périmètre industriel et commercial enclavé dans les grands quartiers populaires de l'ouest d'Abidjan. Déjà de loin, on voit placardé partout le vichy blanc et rose pâle des «prix les plus bas» et, aussi, une cohorte de vigiles. Nombreux, une cinquantaine pour les quelque quatre-vingts employés du magasin, ils sont cependant bon enfant. Vertu de la dissuasion. Seul au rayonnage de la rentrée scolaire, autour des cahiers pour un franc, il y a un môle de fixation. Non loin, dans le box de l'accueil, Alain Baï ne cesse de répéter au micro qu'«il y en aura pour tout le monde». L'homme a du bagout à revendre. Mélomane, d'abord «ambiancier» dans des boîtes de nuit, il a travaillé en Côte-d'Ivoire mais, aussi, «en tournée» au Niger, au Togo et au Sénégal pour la Scoa (Société commerciale de l'Ouest africain), un ancien comptoir colonial. «La Scoa a été vendue», dit-il, et ne retrouve sa tchatche fleurie que pour enguirlander sa «décision irrévocable» d'inciter à la vente chez Tati. «Vous savez, on aime avant de se donner.»

Foule fouineuse. Ouvert le 25 septembre, le Tati de la zone 3 vit encore sa lune de miel. Ouvert de 9heures à 20 heures, sept jours sur sept, il accueille une foule fouineuse, des mères de famille chargées de grappes d'enfants aussi bien que des flâneurs de stands. «Ah! ça, vraiment non!», glisse Angel à sa copine, tenant à bout de bras un gilet folklorique. «Trop noir et trop brodé.» Va, donc,