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Libération

Les paysans colombiens «entre deux diables». Vote sur fond de terreur alimentée par la guérilla et les «paras».

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publié le 25 octobre 1997 à 10h39

Apartado, envoyé spécial.

«Bienvenue à Murindo. 2 358 habitants. Température moyenne 28 degrés. Fondée en 1835.» Le vieux panneau de bois a résisté au tremblement de terre qui a frappé le bourg il y a cinq ans, mais il ne reste quasiment personne pour le lire. Tous se sont sauvés. Le dernier à déserter aura été le directeur du dispensaire, Alejandro Toro. Il a craqué au début de la semaine dernière quand une bande de guérilleros ont jailli de la bananeraie et se sont emparés de l'infirmier qu'ils ont abattu sur place. Le docteur Toro a embarqué ses malades sur une pirogue à moteur et a rejoint plus au sud, en remontant le rio Atrato, le gros de ses concitoyens, réfugié à Mutata. Murindo a succombé à tous les maux qui frappent la Colombie et qui constituent la toile de fond sanglante des élections régionales et municipales de demain. Ainsi, deux observateurs électoraux de l'Organisation des Etats américains (OEA), un Chilien et un Guatémaltèque, ont été kidnappés jeudi.

Le calvaire de Murindo a commencé au mois de mai avec l'entrée en scène de groupes paramilitaires. Jusqu'alors, les paysans s'accommodaient bon gré mal gré de la présence épisodique des Farc (Forces armées révolutionnaires de Colombie), un mouvement de guérilla d'origine marxiste créé il y a trente-six ans. Personne, et surtout pas l'armée, ne contestait la domination des insurgés dans toute la plaine bananière de l'Uraba, une région extrêmement fertile mais peu peuplée qui chevauche les trois départements du